C'est assez insupportable la ritournelle "une bonne claque ça n'a jamais tué personne". En fait si. Une claque au delà du geste violent et toutes ses conséquences physiques, traumatiques, neuronales (la science du trauma* est très précises sur ces points) c'est une humiliation. Aucun être humain ne peut développer ses capacités cognitives, émotionnelles et intellectuelles par l'humiliation, la peur et le rabaissement. Il y a des façons de punir bien plus efficaces. Je pense qu'entre Montessori et le châtiment corporel il y a un juste équilibre à trouver.
Maintenant si on veut trouver des facteurs explicatifs ça me parait assez évident. On a basculé en un siècle de sociétés de la communauté villageoise très corsetées, cadrées basées sur l'intérêt du groupe à une société individualiste ultra capitaliste et libérale. Les souffrances, difficultés des jeunes sont surement les mêmes dans les grandes lignes que se soit en 1950 ou 2025 finalement mais l'expression de cette souffrance est différente.
Toutes les études sur la criminalité le prouvent, on vit dans une société bien plus pacifiée qu'il y a ne serait ce que 50 ans. Le soucis c'est que cette criminalité, ou plutôt l'ultra violence augmente depuis quelques années et comme nos générations n'ont pas forcément connu les temps anciens le seul biais comparatif est adossé à notre propre vécu.
Il faut mettre ça en parallèle avec l'effondrement des services publics qui ne répondent plus à leur rôle de garde fou ( Santé, Sécurité, Justice). Les tours d'ivoire de l'autorité qu'elles soient institutionnelles ou familiales ont sauté. Il est intéressant de constater la couardise du milieu de l'enseignement ou le pas de vague s'exerce à tous les étages là ou la fermeté totale devrait s'imposer. Les témoignages émergent et je trouve ça ultra inquiétant. J'ai vu l'interview d'une professeur agressée qui a été lâchée par tout le monde du rectorat aux syndicats pour éviter de ternir l'image du lycée ou elle exerçait. L'effondrement du niveau à la fois des profs et des élèves devrait suffire à réformer en profondeur cette institution. Rappelons le aujourd'hui vous pouvez être prof de collège juste en étant titulaire d'une licence universitaire et un casier judiciaire vierge.
Je ne parle pas de mon institution tout aussi sinistrée mais il n'est pas à exclure que je sois relevé bientôt de mon devoir de réserve et j'en aurai des choses à dire....
Autre chose importante on assiste à une à un appauvrissement majeur depuis les années 80. Il est intéressant de rappeler qu'au début des années 80 (avant le socialisme en fait

) le pouvoir d'achat d'un américain et d'un français était le même. On va me rétorquer la protection sociale, médicale etc etc mais franchement vu dans quel état est le système des retraites, celui de la santé et les différentes institution.....
Quand on confronte une société de l'ultra consommation avec des populations qui ne joignent plus les deux bouts ça crée des frustrations et un terreau de violence et un accroissement des inégalités. Je ne parle pas seulement des inégalités financières mais tout le reste, le réseau, l'éducation.
On peut évoquer aussi les parents ou plutôt le modèle parental. On note bien souvent chez les délinquants de cités issus de l'immigration notamment (pour en avoir accompagné un paquet dans le box des comparutions immédiates à Paris) qu'ils étaient bien souvent élevés par des mères célibataires souvent très jeunes et qu'ils étaient le fruit de mariages arrangés avec des hommes souvent très âgés, décédés ou rentrés au pays.
La démission des pères, l'explosion des divorces et séparation sont des sujets centraux à questionner et c'est valable dans toutes les cultures.
Enfin je dirai qu'il faut questionner la quête de sens de la vie. Le retour au religieux est assez symptomatique de ça. Je pense que la jeunesse est particulièrement impactée par le vide vertigineux que représente l'avenir. Il faut réapprendre à créer le manque pour apprécier les choses simples et l'instant. Je passe beaucoup de temps dans des musées et je suis toujours étonné de voir à quel point la majorité des gens désormais, assiste à la visite par le prisme de la prise de centaines de photos des œuvres, photos qu'ils ne regarderont jamais à l'avenir. Je transmets ça à mes enfants l'importance du temps consacré à l'ennui et à la contemplation.
* je renvoie aux travaux de Muriel Salmona experte en la matière