Gauvin a écrit :Pour Panaco, la possession de balle sous CG n'était pas LE choix de jeu, mais résultait naturellement de son jeu en triangle à une touche de balle et constamment en mouvement qui privait l'adversaire du ballon.
La version Landreau est basée sur : on garde le ballon coute que coute, même si pour ça on doit revenir constamment derrière ou se contenté d'un jeu latéral sans progression.
C'est exactement la nuance que je voulais souligner, mais tu l'as beaucoup mieux fait Gauvin. La possession est une conséquence secondaire (certes appréciable), et non une fin en soi. Je l'avais déjà développé dans d'autres posts, mais le jeu à la lorientaise de Gourcuff est un football qui se concentre principalement sur la transition attaque-défense, et qui implique donc une capacité à récupérer le ballon haut, en avançant, et à se projeter rapidement. Gourcuff l'explique lui-même, la phase où une équipe est la plus vulnérable, c'est quand elle perd le ballon alors qu'elle est déployée pour attaquer.
C'est cette phase cruciale sur laquelle tablait CG, et c'est la raison pour laquelle il a adopté le 442, qui permet un meilleur quadrillage du terrain (et donc couper les lignes de passe), tout en mettant un maximum de pression sur les premiers relanceurs adverses (la charnière) afin de la forcer à jouer long pour augmenter les chances de récupérer en avançant. La possession de balle est la conséquence mécanique d'un système qui certes se projette très vite vers l'avant, mais surtout cherche à étouffer l'adversaire en limitant au maximum les échanges de l'adversaire au milieu de terrain. Plus on récupère, plus on combine, plus on tient la balle. Mais si on est logique, il est beaucoup plus facile d'avoir une possession de 60% si chaque joueur fait quatre ou cinq touches de balle, non ? Les secondes défilent, et le ballon reste tango. Il est beaucoup plus difficile de garder des statistiques élevées en jouant vite, vers l'avant, en combinant dans un petit périmètre, et en prenant des risques offensifs. La possession de balle n'est pas, à mon sens, le fond de commerce de Gourcuff, contrairement à ce qu'a pu produire Barcelone à un moment. Chez nous, il n'y a jamais eu de défense par la possession de balle, nous n'avons jamais joué sans pointe avec la volonté de densifier le milieu de terrain à tel point que l'on aurait pu enchaîner une séquence de conservation de plusieurs minutes pour aboutir à une attaque magnifiquement orchestrée : ça c'était l'Espagne de Del Bosque il me semble, et ça n'avait rien à voir. Pour l'Espagne, le but était de tenir le ballon le plus longtemps possible, en attendant la faille. Ici, on a même pu se plaindre de ne pas savoir "fermer le jeu" à la fin de match, et de continuer à attaquer, quitte à perdre des points évitables. C'est l'antithèse d'une équipe qui cherche à conserver la balle, non ?
Lorient a eu un jeu de contre, un jeu rapide, un jeu qui prenait des risques, malheureusement confondu avec un jeu de possession de balle parce que nous sommes souvent tombés contre des équipes qui défendaient bas et nous attendaient. Là encore, je cite CG qui disait souvent "il faut être deux pour jouer au football". Par là, je crois qu'il voulait dire que pour que son équipe soit capable de produire du jeu, il fallait que l'adversaire ait du répondant (et donc s'expose à être pris à défaut dans cette phase de transition). Cela explique pour beaucoup la tendance du FCL a peiner contre les équipes qui jouent fermé, et à produire du jeu contre les gros (qui se livrent davantage). D'ailleurs, si on regarde bien les matches très ouverts qu'on a pu voir sous Gourcuff (et dans une certaine mesure chez Ripoll), le milieu du terrain a tendance à devenir une zone désertique, que les joueurs ne font que traverser à toute allure pour se replier ou pour contrer. CG disait je ne sais plus quand que sans percussion, la possession était inutile. Cela donne des matches fous, du spectacle, et in fine ce plaisir que l'on recherche aujourd'hui. Désolé de contredire ta contradiction panaco, mais nous serons donc en désaccord sur ce point :).
Après rodi, je te rejoins tout à fait, le football à la lorientaise s'est étiolé depuis de nombreuses années. J'utilise l'expression davantage pour désigner la théorie, mise en application par séquences, pas forcément à tous les matches, etc. Je pense que Gourcuff avait pour trait (une qualité ou un défaut, selon les gens) de s'accrocher à cet idéal même dans les moments difficiles. Ce football est très fragile, et ne peut exister paradoxalement qu'avec des joueurs solides pour le porter. Des joueurs de devoir, capables de se sublimer dans un collectif pour combler les inévitables failles du système, et donner de la densité à un idéal (des joueurs dont on a manqué cette saison). Ce football "à la lorientaise" est plutôt une marque de fabrique journalistique qui fait vendre, savamment reprise par notre trader avec "le football autrement". C'est pour prendre la suite du "jeu à la nantaise", et ça a eu le mérite de bien prendre et de créer un engouement autour de notre club. Cependant, on retrouve des caractéristiques tout à fait similaires dans le jeu de Bielsa (importance de la récupération du ballon, volonté de faire mal à l'adversaire sur la transition attaque-défense), ou encore l'Italie de Prandelli (notamment avec le travail incroyable des latéraux), et j'en passe. On peut lui donner plusieurs noms, mais en définitive c'est surtout un football simple, offensif, en mouvement, et affreusement exigeant. Quatre traits que j'espère vivement voir revenir au FCL, peu importe que l'on joue en 442 ou en 433, que l'on ait la possession ou non.
Voilà pour cette longue analyse :).
@Gauvin et Marshall56 : Vils flagorneurs
Très sincèrement, il est beaucoup plus facile d'écrire derrière un clavier et de faire de longues analyses que de mettre en musique un tel idéal. Il y a beaucoup d'interviews très intéressantes de CG, et d'autres entraîneurs naturellement, qui traînent un peu partout en ligne. Ils y détaillent un peu leurs idéaux, démontent quelques idées reçues, et développent des concepts d'une grande profondeur. Je ne fais que compiler, expliciter et reformuler ce qu'ils ont déjà dit, déformation professionnelle

. Le vrai Christian, lui, parlerait moins et agirait davantage haha. Mais j'apprécie le compliment à sa juste valeur, et je vous en remercie :p.